Congeler votre fertilité future

Les avancées technologiques de la congélation des ovules offrent aux femmes de nouvelles alternatives. Toutefois, la cryoconservation n’est pas la seule option.

La fertilité n’a pas d’importance, jusqu’à ce que vous en ayez besoin. Plusieurs femmes envisagent de fonder une famille un jour, mais la triste réalité est qu’une femme sur huit aura des difficultés à concevoir ou à mener une grossesse à terme.

Plusieurs conditions médicales et facteurs de risque font en sorte de compliquer le processus menant à une grossesse :

Parmi les conditions médicales et les facteurs de risque mentionnés précédemment, l’âge est probablement le plus difficile à traiter, car il ne peut pas être renversé.

Les bonnes nouvelles sont que durant la dernière décennie, la biotechnologie a offert une alternative de plus en plus attrayante pour les femmes approchant de la fin de leurs années de procréation.

L’alternative en question est la congélation des ovules ou plutôt, en termes médicaux, la préservation d’ovocytes, et le temps est venu pour  les jeunes femmes d’en savoir plus à ce sujet. Il est également temps pour elles de bien comprendre les risques de remettre à plus tard la maternité avant que la congélation d’ovules ne devienne leur dernière alternative viable.

Les femmes changent leurs priorités

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Reporter la maternité est un fait à la hausse en Amérique du Nord. Depuis plus de trois décennies, le taux de natalité chez les femmes canadiennes âgées de plus de 30 ans était à la hausse, alors que la maternité a diminué de façon significative pour les femmes canadiennes de moins de 30 ans.

Un rapport publié en 2013 par Statistique Canada montre que sur 1000 femmes âgées de 35 à 39 ans, 52,3 bébés sont nés; ce qui s’avère plus élevé que les 45,7 naissances données par 1000 femmes âgées de 20 à 24 ans. Le rapport montre également que les taux de natalité pour les femmes au début des années 40 sont maintenant presque aussi élevé que celle de la population adolescente. [Insérer le graphique, voir ci-dessous]

La baisse constante du nombre de naissances pour les femmes de moins de 30 ans peut s’expliquer, en partie, par l’amélioration de la connaissance en fertilité et un meilleur accès aux moyens de contraception.

Mais pourquoi les femmes canadiennes attendent longtemps avant d’avoir des enfants?

La présence des femmes dans le milieu professionnel et une redéfinition des rôles familiaux sont susceptibles de contribuer au fait que les femmes aient leur premier enfant plus tard.

À la Clinique OriginElle, nos patients disent souvent qu’ils hésitent à fonder une famille en raison d’un budget serré, ou qu’ils n’ont pas encore trouvé le partenaire idéal, ou qu’ils envisagent des études supérieures ou encore, que leur carrière passe bien avant tout autre objectif de vie.

Les limites de la physiologie féminine

Malheureusement, la biologie humaine limite la capacité d’une femme à constamment produire des ovules viables de bonne qualité.

Une fille née avec un nombre entre 1 et 2 millions d’ovules dans ses ovaires et elle n’en produira pas plus durant sa vie. Au moment où une jeune fille atteint la ménarche (puberté), elle aura environ 300 000 ovules, perdant plus ou moins 1000 chaque mois.

La capacité d’une femme à concevoir subséquemment diminue de façon significative après 35 ans et lorsqu’elle atteint l’âge de 40 ans, sa fertilité est réduite de moitié. Cette réduction du nombre d'ovules est appelée réserve ovarienne faible ou réduite.

En outre, les enfants nés de femmes âgées sont exposés à de plus grands risques de malformations congénitales. Une nouvelle recherche suggère que les anomalies chromosomiques entraînant des malformations congénitales ne sont pas reliées à la qualité des ovules, mais plutôt à l’âge de la mère et aux changements physiologiques résultants, qui dégradent la qualité des ovules dans les ovaires.

Alors que le sort des femmes qui attendent après l’âge de 35 ans pour tomber enceinte semble lamentable, les femmes qui planifient d’avance peuvent néanmoins donner naissance à des enfants en bonne santé dans leur quarantaine et ce, par le bais de la congélation des ovules.

L’histoire de la congélation d’ovules

La congélation d’ovules est une option de traitement depuis l’obtention de la toute première naissance à partir d’un ovule cryoconservé en 1986. À cette époque, la cryoconservation des ovocytes était infructueuse et considérée comme expérimental. Le taux de grossesse à partir d’ovules congelés était aussi bas que 5%.

La congélation des embryons (ovules fécondés) a donné de meilleurs résultats pour les femmes obligées d'avoir recours à cette méthode (celles atteintes d’un cancer) pour préserver leur fertilité que la congélation des ovules.

Cependant, grâce aux progrès de la technologie, une nouvelle méthode de cryoconservation appelée la vitrification a grandement accru la capacité des ovocytes à survivre à la congélation et la décongélation.

La vitrification permet aux spécialistes de la reproduction d’accélérer la congélation des ovules pour garantir des taux plus élevés de réussite lors de la décongélation de ceux-ci. En conséquence, le taux de survie des ovules congelés est supérieur à 91%.

La vitrification permet également d’améliorer la création et la croissance de l’embryon jusqu’au  stade de blastocyste, l’étape la plus saine du développement embryonnaire avant son transfert dans l’utérus.

Avec l’évolution de la vitrification, l’American Society of Reproductive Medicine  a pris la décision d’enlever l’étiquette « expérimentale » de la pratique de la congélation des ovules. Cela a ouvert les portes aux femmes afin de congeler leurs ovules pour des raisons sociales (contrairement aux besoins médicaux), souvent reconnues comme étant une banque d’ovules élective.

Le rôle de la congélation des ovules dans une stratégie plus large

Il y a quelques années, les chances de succès de la Fécondation in vitro (FIV) avec des ovules congelés étaient d’environ la moitié de son taux actuel soit, 60 % et plus. Bien que les scientifiques ignorent le nombre d’années qu’un ovule pourrait demeurer viable sous forme congelé, nous nous attendons à ce que des ovules congelés et soignés de façon appropriée pourraient durer des générations.

Bien qu’une grossesse au début et au milieu de la quarantaine ne soit pas la meilleure idée, sauf dans des circonstances exceptionnelles, la vitrification a apporté une nouvelle voie à la parentalité. Si brillante est son avenir qu’un jour, les femmes pourraient préserver leur fertilité régulièrement avec leur propre banque d’ovules et pourront même le faire pour leurs filles.

En attendant que ce jour arrive, nous devons, en tant que société, soutenir et encourager d’autres options de traitement. Tout d’abord, nous pouvons nous assurer que les jeunes femmes sont mieux informés en ce qui concerne les risques liés au retard de la maternité tels que la baisse de la fertilité, l’augmentation des chances de fausse couche et d’anomalies chromosomiques.

Ensuite, la société devrait trouver des moyens pour aider les femmes qui donnent naissance à des âges plus jeunes sans affecter leur carrière.

Enfin, les jeunes femmes qui choisissent encore de reporter la parentalité doivent être pleinement conscientes de l’alternative de la congélation des ovules.

Ce trio d’initiatives constitue une stratégie globale pour laquelle le temps d’agir est arrivé.